Un champ d’ambivalence #3 – Didier

L'intime est politique - 18 juin 2023
Un champ d’ambivalence #3 – Didier

Un champ d’ambivalence #3 – Didier

Le genre est une construction sociale, un processus relationnel, un rapport de pouvoir mais surtout un grand champ d’ambivalence. Parfois on ne sait pas comment en parler de peur de dire n’importe quoi, souvent on dit n’importe quoi en voulant absolument en parler. On ne nous apprend pas à l’observer, ni à le regarder évoluer. Il s’agirait pourtant peut-être d’en cultiver une parcelle à soi et de partager ses récoltes intimes, peut-être enfin sortir des visions normées, sortir de ce fameux duo “homme-femme”.
J’ai donc moissonné des témoignages, des anecdotes autour de moi, histoire de cultiver à ma manière les questions qui peuplent mon entourage, les frictions, les certitudes, les impasses, les doutes et les espoirs.

Une série courte proposée par JonasM, à retrouver plus ou moins tous les mois ici et là sur les ondes

Musique: Chapi Chapo et les petites musiques de pluie – How long

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Episode #3: Didier

Extraits du texte de Judith Butler “Trouble dans le genre”

[…] Mais qu’est-ce qui construit notre perception du genre de cette façon? Peut-être pensons-nous savoir quelle est l’anatomie de la personne en fonction des vêtements portés, ou bien de la manière qu’elle a de les porter. Au moment où nos perceptions culturelles ancrées au quotidien échouent, lorsqu’on n’arrive pas à lire avec certitude le corps que l’on voit, c’est précisément le moment où l’on n’est plus sûr.e de savoir si le corps perçu est celui d’un homme ou d’une femme. L’expérience que nous faisons de ce corps consiste précisément à hésiter entre ces catégories. Lorsque de telles catégories sont mises en question, la réalité du genre entre en crise : on ne sait plus comment distinguer le réel de l’irréel. Et c’est à cette occasion que l’on comprend que ce que nous tenons pour « réel », ce que nous invoquons comme du savoir naturalisé sur le genre est, en fait, une réalité qui peut être changée et transformée. Même si la morphologie et la constitution des corps paraissent confirmer l’existence de deux et seulement deux sexes, rien ne nous autorise à penser que les genres devraient aussi s’en tenir au nombre de deux […]

Merci à Agathe pour sa voix, et Didier pour sa confiance